Snow Queen
Voici une lecture qui ne vous laissera pas indifférent(e)s. Une lecture merveilleuse, à la fois douce et bienveillante qui nous invite à penser à nous, à nos proches, présents et disparus, à ce que nous avons fait de notre vie et ce que nous pouvons encore en faire. Une lecture tendre, amoureuse. Une lecture combative. Une lecture forte, émouvante, bouleversante.
C’est la première fois que je lis un roman de Michaël Cunningham et c’est une belle rencontre que je souhaite poursuivre à présent.
« Snow Queen » parait ces jours-ci chez Belfond. Son titre déjà évoque la douceur « reine des neiges », évocation renforcée par l’illustration de couverture : des flocons de neige sur un fond bleu. Puis vient le récit : "Une lumière apparut à Barrett Meeks dans la voûte céleste au-dessus de Central Park quatre jours après que Barrett ait été une fois de plus malmené par l’amour. Ce n’était certes pas son premier uppercut sentimental, mais c’était le premier qui lui était administré via un texto de cinq lignes, dont la dernière se terminait par ces mots, cruellement formels "bonne chance pour la suite", le tout suivi de trois xxx en bas de casse."
Par ces deux premières phrases, l’auteur nous plonge de suite dans le vif de son roman. Car cette lumière a le don de ramener Barrett vers l’essentiel de sa vie. Cet éblouissement lui fait penser à son frère, Tyler, musicien talentueux que la non reconnaissance du milieu a fait tomber dans la drogue dure. Cette lumière lui rappelle aussi Beth, fiancée de Tyler qui combat des quelques forces qui lui restent un cancer beaucoup trop fort pour elle. De même cette luminosité étrange le pousse à se souvenir de Liz, celle que son frère et lui ont longtemps considérée comme leur mère. Bouleversé, Barrett va alors tenter de recréer des liens que la vie et son quotidien l’ont plus ou moins poussé à mettre à distance. Tout en prenant conscience de ses propres failles, de ses réussites et de ses échecs, il va aussi essayer de les combler, les rattraper, y remédier.
J’ai beaucoup apprécié ce roman d’abord pour son récit, cette réflexion, cette recherche, cette approche qu’il nous propose. Puis très vite je me suis laissée prendre par le style que l’auteur a su y apporter, ce souffle qui nous pousse en avant, un peu malgré nous, qui nous incite à chercher des raisons d’être, des explications, à comprendre pourquoi on a, volontairement ou à notre insu, laisser s'installer certaines situations, les laisser s’enliser, certaines personnes s’éloigner alors qu’elles nous ont démontré plus souvent qu’à leur tour leur attachement, leur affection à notre égard.
J’ai aimé aussi la façon qu’a Barrett de se racheter auprès de ses proches, de les rejoindre dans les combats qu’ils ont à mener tout en ne s’oubliant pas dans ses propres engagements.
Alors bien sûr on peut reprocher à ce récit d’être convenu, attendu, mais l’écriture de Michaël Cunningham, très bien traduite par Anne Damour, nous en empêche. Sa sensibilité, les émotions qu’il nous fait partager sont bien sincères. Certes ce roman se lit un peu comme un conte où les bons sentiments s’expriment aisément. Mais c’est surtout une belle leçon de vie, merveilleuse où l’amour est très puissant et possède une force, une puissance infinie.
« Snow Queen », un texte magique, drôle et absolument superbe.