Le garçon qui ne parlait pas

Publié le par Martine

Le garçon qui ne parlait pas

Aujourd'hui, je devais aller à Quais du polar, à Lyon. Et puis, un impondérable m'en a empêchée et me voici chez moi, à me reposer. Alors, pour rester dans le genre de ce week-end (et pour voyager aussi), c'est à Venise que je vous invite, chez mon cher commissaire Guido Brunetti pour rencontrer "Le garçon qui ne parlait pas" dernier opus de Donna Leon paru chez Calmann-Lévy.

Tandis que le vice-questeur Patta demande à Brunetti d'enquêter discrètement sur l'occupation un peu trop envahissante du magasin de masques tenu par la future belle-fille du maire sur le campo San Barnaba, Paola, épouse de notre commissaire, l'interpelle sur le décès apparemment accidentel d'un homme d'une quarantaine d'années, sourd, muet et attardé mental, qu'elle rencontrait régulièrement au pressing proche de leur domicile. Connaissant aussi cet homme, mais contrarié par la requête de Paola d'en savoir un peu plus sur cette mort survenue suite à un surdosage de somnifères, Guido commence à enquêter en secret.

Mais là, surprise! Cet homme semble n'avoir jamais existé: aucun acte de naissance, aucun dossier médical, aucune activité scolaire... Rien!

Sa curiosité piquée à vif, et sa sensibilité mise à rude épreuve, le commissaire Brunetti va alors être confronté à l'aristocratie ancienne de Venise, avec ses us et coutumes bien particuliers et à une mère qui n'a de ce statut que le nom, même si le doute plane un peu parfois.

Bien sûr, vous me connaissez, en tant qu'inconditionnelle de Brunetti, j'ai adoré cette nouvelle enquête de mon cher commissaire. Une enquête qui n'en est pas une officiellement mais qui a le mérite d'être conduite comme telle.

Encore une fois Donna Leon nous guide à travers Venise avec une grande connaissance de sa ville de résidence. Elle nous emmène à sa suite dans des quartiers nouveaux et c'est toujours un grand ravissement tant ses descriptions sont précises et documentées.

Quant à l'histoire par elle-même, il faut vraiment avoir un coeur de pierre pour ne pas s'en émouvoir. Comment en effet ne pas s'apitoyer sur ce pauvre garçon, devenu adulte malgré tout, à qui personne n'a jamais parlé, y compris et surtout sa propre mère, ignoré de tous, annihilé dès sa conception, sa non déclaration d'existence en est une preuve effrayante, et qui a grandi dans un monde de silence et de gestes. Son retard mental, son impossibilité à s'exprimer, n'ayant jamais appris à communiquer, et de fait la pensée implicite de sa surdité, tout ceci parait d'autant plus inconcevable que cela a été façonné volontairement.

Certes la douleur de cette mère endeuillée de la plus pire des façons fait peine à voir, le temps d'une illusion, car on comprend hélas très vite qu'elle pleure un manque, une habitude qui soudain s'est soustraite à sa fonction. Quant à l'héritage dont son fils était détenteur, n'en parlons pas. Cette question nous enlève alors toute espèce de sentiment envers cette femme.

Avec une maîtrise essentielle et remarquable, Donna Leon nous offre un récit passionnant, prenant et émouvant. L'humour est également bien présent dans ces pages, ne serait-ce que lors des scènes mémorables à la questure. Et puis il y a cette question, pour moi, inévitable: comment peut-on faire grandir un enfant sans lui manifester le plus petit intérêt?

Je n'ai pas la réponse.

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B
Bon dimanche lecture Martine, cela fait du bien de se reposer aussi, surtout après le salon du livre de Paris...<br /> GROS BISOUS.<br /> Bernadette.
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M
Merci Bernadette! Bonne semaine et gros bisous!