Et tu n'es pas revenu

Publié le par Martine

Et tu n'es pas revenu

Quand j'ai découvert Marceline Loridan-Ivens à La Grande Librairie, il y a deux semaines, j'ai été impressionnée par le parcours de cette femme, survivante parmi les survivants, par sa démarche, son combat et sa présentation de ce récit "Et tu n'es pas revenu" paru chez Grasset et écrit en collaboration avec Judith Perrignon, journaliste et romancière.

Dès le lendemain, j'allais chez ma libraire pour acheter cet ouvrage mais il n'était pas encore sorti et j'ai dû le réserver. Je l'ai enfin eu vendredi et lu samedi après-midi.

Court, à peine une centaine de pages, ce récit est la lettre qu'écrit Marceline Loridan-Ivens à son père, arrêté en même temps quelle en 1944 et déportés, lui à Auschwitz, elle à Birkenau. Une lettre bouleversante, évidemment, mais aussi lucide, terriblement lucide, comme un constat qui rend tout encore plus terrifiant.

Pas de mélo dans ce récit, pas de détails, pas d'insistance, pas de voyeurisme, juste des faits et rien que des faits, un constat et puis c'est tout.

L'arrivée dans le camp, la sélection, la survie, la lettre que son père parvient à lui faire parvenir et dont elle a oublié le contenu, ne gardant en mémoire que l'intitulé "Ma très chère petite fille" (Marceline avait 15 ans en 1944) et sa signature de son prénom juif Schoïme, le château à Bollène, rêve de son père, dans lequel ils seront arrêtés, la vie dans le camp, la fin de la guerre, la marche forcée, la libération, l'arrivée seule au Lutétia, l'attente, impuissante, avec déjà la certitude du non retour de son père, la vie après, ou plutôt la survie, aussi curieux que cela puisse paraître, ses deux mariages, ses années avec Joris Ivens, et puis la fin. Terrible. Cette question absolument bouleversante à laquelle Marceline espère pouvoir répondre un jour "oui" : cela valait-il la peine de revenir?

Contre toute attente, ce n'est pas le récit en lui-même qui m'a le plus émue. Cette implacabilité dont l'écriture fait preuve, cette froideur presque y sont pour beaucoup je pense. Mais cette question qui remet tout en question permet un autre regard sur ce récit, sur cette véritable et magnifique lettre d'amour d'une fille à son père. Cette question, oui, m'a fait pleurer, pour tout ce qu'elle sous-entend, pour tout ce qu'elle veut dire, et pour cet espoir qu'elle porte en elle bien au-delà du supportable et de l'indicible.

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L
Elle m'avait aussi beaucoup émue cette femme. Ta chronique est très belle martine. Il va falloir que je lise ce livre ;-)
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M
Merci beaucoup, Laurie! Oui, lis-le! C'est une grande leçon de vie.
B
Un livre à lire en effet...<br /> Je ne sais que rajouter et je t'embrasse très fort Martine.<br /> Bernadette.
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M
Rien, en effet! Merci Bernadette! Gros bisous aussi
S
Je le lirai, assurément, d'autant que je connais à présent les lieux dont elle parle... Son témoignage à la Grande librairie m'a beaucoup touchée également.
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M
Je te comprends. Je parle de Max très vite aussi! Merci Sophie! Bises d'ici
P
Je crois que cela valait vraiment la peine de revenir ! Oui ! Je suis convaincue qu'à son tour l'auteure a su déposer l'amour dans le cœur de la génération suivante. Ne fût-ce &quot;que&quot; pour cela, ça en valait vraiment la peine...<br /> Gros bisous, Martine, et bonne semaine ;-)
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M
Sa réflexion à ce propos et sur notre monde actuel est très froide et lucide. La réponse n'est pas si évidente, ma chère Denise. En tous cas, elle n'y a pas encore répondu. Je t'embrasse et te souhaite une belle fin de journée!