Zou!
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Je vous laisse lire sur la couverture de ce premier roman signé Anne-Véronique Herter le sens de ce mot-titre "Zou!" paru aux éditions Michalon. Et je vais vous parler à mon tour de ce magnifique roman que j'ai été première à emprunter à ma médiathèque La Passerelle mais sûrement pas la dernière. Pour en avoir beaucoup parlé avec Cathy, bibliothécaire amie, et pour l'avoir beaucoup lu chez les blogueuses littéraires, ce premier roman est une très belle réussite. Anne-Véronique Herter nous y dévoile une écriture sensible, à la fois douce et passionnée, très émouvante et pourtant jamais larmoyante. La narratrice, Chance, est la cinquième d'une fratrie de cinq enfants, née alors que son frère aîné Frédéric était décédé quelques mois plus tôt. Toute son existence, elle a porté le poids de cette absence, s'obligeant à remplacer ce frère disparu (renforcé dans ce sentiment par sa grand-mère, Bonne-Maman) et ne pouvant pas s'autoriser comme ses frère et soeurs, comme ses parents, comme sa famille, le moindre esprit chagrin du simple fait qu'elle n'a pas connu ce frère aîné et n'a donc pas pu l'aimer. Son grand-père, puis son père étant décédés, la famille n'a plus les moyens d'entretenir la maison familiale située en Bretagne et doit la vendre. Il faut donc la vider de ses meubles , de son contenu mais aussi de son contenant. Et ce dernier étant, vous vous en doutez bien, le plus difficile à faire. Car cette maison regorge de souvenirs. Ses murs résonnent des jeux d'enfants, des fêtes familiales, des joies et des chagrins aussi. Et cette maison, ces murs, ce promontoire qui domine la mer parlent à Chance. Ils lui disent un adieu, qu'elle doit entendre malgré elle, malgré sa peine, malgré ses souvenirs. La maison veut à présent accueillir une autre famille qui n'est plus celle de Chance. Bien sûr j'ai apprécié pleinement cette lecture, la douceur de son récit, les émotions qui l'imprègnent, ces vérités et ces non-dits qui la parcourent. Doit-on à tout prix dire sa vérité? Ce qui a été tenu secret ou caché vaut-il la peine d'être révélé? Au risque de provoquer des douleurs plus grandes encore? Ou faut-il simplement faire avec, le garder comme un héritage personnel et se construire une nouvelle histoire, de nouveaux souvenirs à laisser ensuite à ses propres enfants? Je ne vous révélerai pas la décision que prendra Chance à la fin de cette belle et longue réflexion, de cet émouvant échange avec sa maison. Je vous dirai seulement que j'ai ressenti ce récit comme une étape, un passage, certes douloureux, mais néanmoins obligé pour grandir, pour évoluer, un "arrêt sur images" nécessaire pour continuer à vivre et choisir une nouvelle route. Un roman apaisant malgré tout qui nous donne (ou redonne) confiance. Et c'est là, pour moi, que réside sa qualité suprême.