Une Princesse au Palais
Sous le charme de ma rencontre avec Cécile Roumiguière lors du Salon du livre jeunesse du Plan le 15 janvier dernier, j'ai voulu poursuivre la découverte et ai emprunté "Une Princesse au Palais" à ma médiathèque La Passerelle ainsi qu'un autre album dont je vous parlerai un autre jour.
Ces deux lectures complètent bien ainsi celles que j'ai achetées le jour du Salon, le samedi 17 janvier, et dont je vais vous parler aussi très bientôt.
Superbement illustré par Carole Chaix, cet album paru aux éditions Thierry Magnier n'est ni plus ni moins qu'une version revue et corrigée du "Petit Chaperon Rouge".
Comme tous les mercredis, une petite fille attend sa Grand-Mère qui travaille à l'étage d'un café-restaurant. Comme d'habitude, la petite fille se complaît dans l'observation des gens qui fréquentent l'établissement plus ou moins longtemps, ceux qui ne viennent qu'un court instant, ceux qui restent davantage, ceux qui ne s'arrêtent que pour boire un café, ou un chocolat chaud, ou autre chose, et ceux qui viennent pour manger. Mais aujourd'hui, la petite fille ressent tout différemment. Et en premier lieu, cette douleur diffuse qu'elle éprouve confusément dans son ventre. Comme si quelque chose changeait. Comme si une étape se franchissait... jusqu'au retour de sa Grand-Mère.
Je n'irai pas par quatre chemins. Cet album est une pure merveille.
Empreint d'une grande douceur, d'une poésie affleurant à chaque phrase, et d'une certaine nostalgie entrecoupée par les dialogues inquiets et attentifs de Peek et Poke, les deux peluches aimées de la petite fille, il aborde avec un naturel confondant cette étape si cruciale dans la vie des petites jeunes filles : l'arrivée des premières règles.
Plus tout à fait une enfant, pas encore vraiment jeune fille, cette petite fille est entre deux. Et elle observe avec une singulière attention le monde qui l'entoure, et elle délaisse sans s'en rendre compte ses peluches d'avant, et elle attend cette Grand-Mère, qu'on sent si près, si proche, si aimante, et elle s'interroge, elle a mal mais pas vraiment, son ventre devient dur mais elle ne sait pas encore pourquoi. Tout se comprendra le moment venu. Le texte de Cécile Roumiguière en est d'autant plus magnifique.
Et que dire des illustrations de Carole Chaix dans lesquelles dominent des lignes d'une grande pureté associées aux apartés des deux peluches et aux descriptions floutées, un peu abstraites, en retrait, de tous ceux que la petite fille observe. Là aussi c'est parfaitement réussi!
"Une Princesse au Palais", une enfant qui grandit, et un conte revu magistralement!