Les enfants des Justes
Encore imprégnée de cette lecture, dévorée hier, je ne résiste pas au plaisir de vous en parler tout de suite.
En 1942, Victoria et Virgile Laborie vivent en Dordogne dans leur petite ferme située en retrait du village, à proximité de la rivière de l'Isle (qui marque la ligne de démarcation) dans la zone libre, à quelques kilomètres de Monestier et, un peu plus loin, de Périgueux. La quarantaine bien sonnée, le couple n'a qu'un regret, ne pas avoir eu d'enfant, et occupe ses journées à son atelier de menuisier pour Virgile et aux petits travaux de la ferme pour Victoria. Mais en 1942, c'est la guerre.
Aussi la surprise de Victoria et Virgile est grande quand la voiture du bon Docteur Judaric entre dans leur cour ce jour-là. Engagé dans la Résistance, le docteur vient solliciter leur aide pour faire passer la ligne de démarcation à des réfugiés et des personnes juives, via la rivière sur laquelle Virgile aime tant naviguer à bord de sa petite barque.
Très vite les passages s’enchaînent. Jusqu'au jour où Virgile doit faire passer une mère et sa fille Sarah qui doit rester quelques jours chez les Laborie le temps de lui trouver une cachette et une famille d'accueil sûres. De suite, sans se concerter, Victoria et Virgile se proposent d'accueillir la fillette de 10 ans chez eux et de l'héberger gratuitement le temps qu'il faudra. Pourtant, lorsque les parents de Sarah peuvent enfin s'installer à Périgueux et reprendre leur fille, c'est un déchirement pour le couple Laborie. Contactés par l'ASI (l'Aide Sociale Israélite), Victoria et Virgile, qui continue son activité de passeur, acceptent alors d'accueillir Elie, un jeune garçon d'une dizaine d'années qui souffre d'avoir assisté, malgré lui, à l'assassinat de ses parents par les allemands.
Mais en 1943, la France est entièrement occupée et la situation s'aggrave. La Résistance s'amplifie avec tous les dangers que cela implique. Victoria et Virgile qui ont à nouveau recueilli Sarah doivent tout faire pour tenir secrète la présence des deux enfants chez eux. Les passages qui se faisaient depuis lors par voie terrestre s'arrêtent mais le Docteur Judaric sollicite Virgile pour qu'il accompagne au maquis les jeunes réfractaires au STO en Allemagne et ceux qui souhaitent rejoindre la Résistance. Et même si la fin de la guerre semble de plus en plus proche, elle n'est pas terminée. Loin de là...
J'avais repéré ce roman lors de sa sortie en 2012 et je m'étais promis de le lire un jour. Aussi quand je l'ai vu en rayonnage de la bibliothèque annexe de Valence Sud mardi dernier, je n'ai pas hésité une seconde et, je vous l'ai dit en préambule, je l'ai littéralement dévoré hier.
J'ai aimé de suite Victoria et Virgile, ce couple de campagnards, d'une simplicité, d'une douceur et d'une gentillesse à toute épreuve qui s'engage spontanément, sans réfléchir, sans penser aux dangers que cela suppose pour eux, simplement parce que "quand des gens ont besoin, on aide". J'ai été émue par l'affection immédiate qu'ils ont ressenti pour Sarah, puis pour Elie, par la façon bien à elle qu'a eu Victoria pour "apprivoiser" ce garçonnet. J'ai tremblé lorsque Virgile a été arrêté une première fois et j'ai pleuré lorsque Victoria est enfin revenue de l'enfer où elle n'a pas hésité à suivre les deux enfants.
Ce roman, signé de la belle plume de Christian Signol, est paru aux éditions Albin Michel. Il contribue à ma découverte de cet auteur qui possède le talent de mettre en valeur des gens humbles, honorables, valeureux et courageux. Les émotions surgissent là où on ne les attend pas. Les évènements s’enchaînent, donnant un rythme calme ou plus oppressant à cette lecture au point qu'on a du mal à la lâcher. D'ailleurs je n'ai pas résisté.
Pour moi, cette lecture compte aussi pour le challenge Deuxième guerre mondiale d'Ostinato.