Juste avant le bonheur
Parce que le titre de ce roman d'Agnès Ledig résume à lui seul cette magnifique lecture.
Parce que je suis encore toute imprégnée de ces mots, de ce récit, de cette humilité présente à chaque page, de cette exceptionnelle leçon de courage et de vie.
Tout simplement parce que j'ai besoin de partager mes impressions de lecture "à vif", je vous parle aujourd'hui de ce roman paru chez Albin Michel.
Agnès Ledig, je l'ai "connue" dans le recueil "13 à table" dans lequel elle partage une déjà belle nouvelle au côté de douze autres auteurs au profit des Restos du Coeur.
Et puis, sur les blogs et sur Facebook, j'ai lu divers avis sur son dernier roman notamment "Pars avec lui" et aussi sur celui-ci. Alors quand je suis tombée dessus vendredi après-midi à la bibliothèque annexe de Fontbarlettes, je l'ai pris, en ai lu la quatrième de couverture qui m'a séduite aussitôt et l'ai emprunté!
Commencé dimanche soir, je n'ai eu de cesse d'en savourer chaque mot, chaque phrase, chaque chapitre et de m'immiscer dans la vie de Julie, telle que nous la raconte Agnès Ledig.
Julie est caissière dans un hypermarché. A 20 ans, elle élève seule son petit Ludovic "Lulu", 3 ans, une erreur de jeunesse selon son père catholique intransigeant qui l'a mise à la porte de chez elle sans que sa mère esquisse le moindre geste pour éviter cette séparation définitive. Mais qu'importe! Julie est une battante, elle en veut! Mais quand son chef lui signale une erreur de caisse de 50 €, qu'elle sait qui en est responsable sans pouvoir le prouver ni donner le nom du coupable, et que ce chef exige d'elle plus que ce qu'il doit, la jeune femme en veut encore davantage à la terre entière! Et c'est d'un geste rageur qu'elle essuie une larme d'injustice juste au moment d'encaisser les courses de Paul, quinquagénaire récemment séparé de sa deuxième épouse qui apprend la vie en célibataire. Ému par cette petite larme, Paul ne peut s’empêcher de revenir faire ses courses au même magasin la semaine suivante, de repasser à la caisse de Julie et de l'inviter au restaurant pendant sa pause. Bien que surprise, Julie accepte et se rend compte des bonnes intentions de Paul à son égard. Si bien qu'elle accepte de partir avec lui, Lulu et Jérôme, fils que Paul a eu d'un premier mariage, dans la petite maison que ce dernier possède en Bretagne. S'ensuit une semaine de douceur et de quasi bonheur malgré les réticences, légitimes, que Jérôme émet envers Julie.
La suite, le retour à la vie quotidienne, je ne vais pas vous la dire, vous invitant plutôt à la découvrir par vous-même tellement ce roman regorge de surprises. Car la vie passe par là bien sûr. Tout ne va pas rester rose et limpide comme pourrait nous le laisser supposer ce début envisagé comme un conte de fée. Oui, la vie avec ses craintes, ses incertitudes, ses douleurs, ses injustices (ô combien!), ses incompréhensions, ses meurtrissures, mais aussi ses espoirs, sa force au-delà de l'inimaginable, et ses joies, petites certes mais joies quand même juste avant le retour d'un bonheur, différent, autre, mais bonheur aussi.
Ce roman, c'est une formidable leçon de vie dont il faudrait apprendre à tirer parti. Je ne suis pas sûre, mais alors pas sûre du tout, d'avoir le courage et la force dont fait preuve Julie, d'avoir son humilité et son abnégation, d'avoir son humanité et encore moins son humanisme.
Ce roman, c'est le roman de la vie, d'un destin ô combien meurtri, mais qui nous montre comment se relever, comment y parvenir quand le plus terrible nous tombe dessus. C'est la vie dans ce qu'elle a de plus terrifiant et de plus beau. C'est l'émotion qui nous prend à la gorge et fait couler nos larmes sans qu'on s'en aperçoive. C'est magnifique. Et c'est tout.