La Bête

Publié le par Martine

Chronique parue hier dans le Dauphiné Libéré.

Je vous invite à la lire aussi. Si vous le voulez bien!...

Avec ce roman paru aux éditions Albin-Michel, la romancière, biographe et historienne Catherine Hermary-Vieille a décidé de réveiller un mythe, très connu dans notre région de par sa proximité, et un peu partout ailleurs : celui de la Bête du Gévaudan.

Nous voici donc plongés en plein 18e siècle, entre 1764 et 1767, au cœur du Gévaudan, dans le petit village de La Besseyre-Sainte-Marie. C’est là que vit Jean Chastel, en reclus, depuis que son fils Antoine a quitté le village pour « vivre une vie d’aventures » et a été fait captif dans les geôles du dey d’Alger. Vivant au seul contact de la nature, connaissant les vertus des plantes qui soignent mieux que quiconque, Jean Chastel traine derrière lui une réputation de guérisseur et même de sorcier. C’est d’ailleurs à lui qu’on vient faire appel pour chasser un mauvais sort et faire fuir le Diable en personne par le simple pouvoir de ses potions et autres amulettes. Par sa seule présence proche, tout le village se sent ainsi protégé.

Aussi, lorsque des troupeaux se font sauvagement attaqués, que des bêtes de différents cheptels sont retrouvées égorgées ou terriblement mutilées, que des bergères mêmes se font horriblement agressées, c’est à lui que les villageois s’adressent. Sauf que, là, rien ne semble fonctionner. Aucune incantation, aucune potion, rien ! Au contraire ! Plus Chastel s’efforce d’éloigner cette « Bête » féroce et inconnue, plus celle-ci semble prendre un malin plaisir à se rapprocher à chaque fois davantage du village, révélant ainsi des craintes incontrôlables. Mais par quelle ironie du sort, Jean Chastel aurait-il perdu ses pouvoirs ? Le retour inattendu de son fils Antoine y serait-il pour quelque chose ? Nul n’en a la certitude mais, la peur étant sa voisine, la colère gronde au village…

Avec le talent de conteuse qui est le sien, Catherine Hermary-Vieille nous offre ici une histoire d’autant plus terrifiante qu’elle repose sur des faits avérés réels. Pas à pas, page après page, le lecteur plonge dans un univers rempli d’angoisse, de mystère et d’interrogations. Surtout que peu à peu une explication semble dominer et même s’imposer. Par les blessures qu’elle inflige et les actes de cruauté qu’elle révèle, cette « Bête » ne peut visiblement pas être un animal. Mais quelle âme pourrait être aussi diabolique pour commettre de telles horreurs ?

Il faut toute la finesse d’analyse de Catherine Hermary-Vieille pour parvenir à accepter cette vérité inadmissible. Dans cette atmosphère faite de simplicité et de rusticité, l’auteur nous prend aux tripes par la seule qualité de son écriture qui nous ouvre les portes d’un univers glauque proche de l’Enfer.

La Bête
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