Je suis morte et je n'ai rien appris
Voici un livre qui dérange, interpelle et dont on ne sort pas indemne de la lecture!
J'ai eu le grand plaisir de rencontrer Solenn Colleter aux Cafés littéraires qui ont eu lieu du 3 au 7 octobre derniers à Montélimar. Elle
avait eu l'extrême gentillesse de "faire le facteur" pour moi, pour m'apporter un autre roman dont je vous reparlerai très vite! C'est une personne, je pense, sensible, et surtout douée d'un
remarquable talent d'écriture. Et du talent, croyez-moi, il en faut pour
aborder et traiter de main de maître ce sujet si particulier et encore bien souvent tabou. Je veux parler du bizutage que connaissent les étudiants lors de leur première année
d'université.
Je ne sais pas si j'y ai été d'autant plus sensible que mon fils est parti étudier à l'étranger ou si le texte en lui-même sonne tellement vrai qu'on se surprend à prier pour que tout ceci
s'arrête et ne soit plus qu'un mauvais rêve. Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce roman est vraiment effrayant et qu'on peine à croire que de telles pratiques soient encore en cours en ce
début de 21ème siècle.
Laure est étudiante et comme tous les nouveaux, et les nouvelles, arrivés, elle doit en passer par certaines épreuves pour se faire accepter des anciens, ceux qui savent et que la violence vécue
une ou plusieurs années auparavant a rendu d'autant plus violents. Avec forces détails et une précision ô combien écoeurante parfois, l'auteur nous révèle ce qu'est le quotidien de la douce Laure
et de ses congénères. Certains comprennent vite. D'autres à la sensibilité à fleur de peau, à l'image de notre jeune étudiante, font tout ce qu'ils peuvent pour échapper à leurs
tourmenteurs sans toutefois y arriver hélas! Et c'est d'ailleurs bien souvent quand ils croient avoir un peu de tranquillité que le destin s'acharne sur eux. Jusqu'au moment où...
Le bizutage, cette tradition venue d'un autre temps, on sent bien que Solenn Colleter l'a, si ce n'est vécu, côtoyer d'assez prés pour en parler, le décrire avec autant de précisions, aussi
crûment ai-je envie d'écrire.
Je n'ai pas connu ces épreuves, heureusement pour moi! Cyrille, mon fils aîné m'a confié y avoir été soumis lors de sa première année de BTS mais à peine et, d'après lui, "c'était gentil". Pour
Romain, je ne sais pas. On n'en a jamais parlé et, à Heidelberg, si cela doit se passer, il sera seul pour le gérer et je n'ose même pas l'envisager!
Je ne voudrais pas vous paraître trop négative! Ce roman publié chez Albin Michel est une pure merveille d'écriture et un témoignage très émouvant!