Les Mouches d’Automne
Second livre lu pour mon challenge Vivaldi, ce challenge pour lequel on doit lire quatre livres dans l’année dont chacun doit contenir dans son titre le nom d’une de nos quatre saisons et que l’on doit présenter le premier jour de ladite saison.
Pour cet automne qui débute aujourd’hui, j’ai eu envie de lire « les Mouches d’automne » de Irène Némirovsky publié dans la collection Les Cahiers Rouges chez Grasset.
Pour en avoir entendu parler et lu quelques chroniques ici et là sur les blogs littéraires, je n’avais encore rien lu de cet auteur. Et c’est un tort. Son écriture est fluide, sensible, alerte et tendre et toujours avide du plus petit détail, celui qui va nous rendre notre lecture des plus agréables.
Née à Kiev en 1903, Irène Némirovski est élevée par une institutrice française et sa mère ne lui parle qu’en français. Pendant la révolution bolchevique, sa famille est contrainte de fuir la Russie et de venir s’installer en France à Paris où son père va pouvoir rétablir sa fortune. Tout en poursuivant des études de lettres, la jeune femme commence à être éditée mais la deuxième guerre mondiale éclate et sa famille doit à nouveau se cacher. Arrêtée par les nazis, Irène Némirovski est déportée à Auschwitz où elle meurt en 1942.
Je n’ai pas pour habitude de retracer la vie des auteurs sur ce blog mais ce texte « les Mouches d’automne » écrit dans les années 30 comporte certaines similitudes, certains rappels avec la propre existence de l’auteur qu’il est utile de connaître pour entrer pleinement dans cette écriture.
Tatiana Ivanovna a consacré toute sa vie à ses maîtres, les Karine, qu’elle a vu naître et grandir. Lorsque la révolution d’octobre survient, elle n’hésite pas à se mettre en danger pour sauver du pillage l’argenterie, la vaisselle précieuse et les diamants de famille et les apporter aux Karine exilés à Paris. Dans le petit appartement du quartier des Ternes où la famille Karine s’est réfugiée, Tatiana va continuer à les servir envers et contre tout devenant, malgré elle, elle aussi une « mouche d’automne » tournant en rond, se heurtant les uns aux autres sans cesse obligés qu’ils sont de se cacher dans cet espace réduit mais le seul à la portée de leur bourse.
Alternant les thèmes de la guerre, la révolution, l’exode en autant de chapitres, Irène Némirovski s’attache à nous présenter le côté le plus intime de ce drame humain et les ravages causés par la promiscuité, la fuite de leur pays, la nostalgie liée au souvenirs d’un monde qui ne sera plus jamais, les bouleversements que cette période trouble crée chez ces hommes et ces femmes malmenés par l’Histoire et leur désarroi face à des situations auxquelles ils ne sont pas du tout préparés. Tout un univers s’ouvre à nous et nous attire irrésistiblement, la qualité d’écriture de l’auteur faisant le reste.
Un très beau roman aux allures autobiographiques qui, pour bien des personnes encore hélas!, reste toujours d’actualité.