Rupture
Aujourd'hui, je vous parle de "Rupture", le roman que Maryline Desbiolles a fait paraitre aux éditions Flammarion en 2018 et que j'ai lu il y a quelques semaines.
Cette Rupture n'est pas amoureuse même si... Cette Rupture n'est pas amicale même si... ou presque. Cette Rupture est d'abord celle d'un homme, François, avec sa ville natale, Ugine, celle qu'il appelle la ville noire, noircie par la fumée qui s'échappe des cheminées des nombreuses usines de cette ville ouvrière savoyarde.
Encouragé par son bon copain, René, François quitte Ugine, pour aller travailler à la construction du barrage de Malpasset à proximité de Fréjus dans le Var. Un barrage qui va "changer la vie des habitants". Là, peu à peu, celui que tous appellent "le petit François" découvre une autre vie, la camaraderie, d'autres paysages, la mer et, bientôt, il fait la connaissance de Louise Cassagne, fille unique d'un producteur de pêches. Avec elle, un nouveau monde s'ouvre. Jusqu'à cette nuit fatidique, cette nuit de malheur pour toute une population, cette nuit où le barrage rompt.
Car la Rupture dont il est question dans ce roman d'une beauté sensible et sauvage, c'est bien celle du barrage de Malpasset, dans la nuit du 2 décembre 1959 après des jours et des jours de pluie. Cette rupture, survenue 5 ans après la fin des travaux de construction, personne n'y croyait si ce n'est quelques irréductibles dont le père de Louise. Cette nuit-là, et dans les jours qui suivent, François est présent pour aider à secourir ceux qui peuvent encore l'être et dégager les corps des plus de 400 victimes.
J'ai lu ce court roman en quelques heures à peine. Happée par son intensité, sa dignité et les multiples marques de respect que lui porte Maryline Desbiolles. Si l'émotion est bien présente et nous étreint à maintes reprises, le récit est d'une sobriété remarquable. Le ton est juste, l'écriture admirable de fluidité et de concision et l'histoire si dramatique qu'elle soit se révèle d'une grande force.