Une nuit après nous
Première lecture pour la session 2022 de l'association des 68 premières fois et ... Waouhhhh
L'histoire commence de manière tout à fait ordinaire. Mona, architecte d'intérieur, la quarantaine, vit depuis 12 ans avec Paul, avec qui elle a eu une fille, et ses deux enfants nés d'une union précédente. Une existence bien réglée mais sans surprise. Banale. Jusqu'à sa rencontre avec Vincent.
Vincent, marié et père de 2 enfants.
S'agit-il d'une nouvelle histoire d'adultère sur fond de passion amoureuse?
Non, cela va bien au-delà. Et j'ai encore du mal à récupérer de cette lecture.
Avec Vincent, Mona trouve une écoute, une oreille attentive, une épaule sur laquelle elle peut se laisser aller, s'appuyer, s'épancher à son corps défendant. Révéler des bribes de son passé, de son enfance qu'elle croyait avoir oublié, enfoui en un lieu secret dont elle aurait perdu la clef.
Dès lors le récit prend une intensité, une force qui renverse tout, qui ose nommer l'indicible, l'inimaginable. Une force bien plus puissante que celle qui s'impose, ou que la société impose sur les plus noirs secrets, les plus abjects.
Nul besoin de vous préciser qu'avec ce premier roman publié chez Gallimard, Delphine Arbo Pariente vise en plein coeur. Avec une écriture ciselée, maîtrisée au mot près, une acuité féroce, elle nous confie Mona, son présent, et surtout son passé fait de violences physiques et morales, au sein duquel l'histoire personnelle s'imbrique dans la grande Histoire, celle qu'on nous enseigne sans s'attarder sur tous ses dégâts collatéraux, ses impacts sur ceux qui la vivent.
Ce roman est juste magnifique, très imagé, porté par une espèce de lumière, de poésie qui permet d'apaiser, de nommer cette souffrance intime. Comme le fait la présence de Vincent auprès de Mona.
Une claque magistrale que cette lecture.