Son espionne royale mène l'enquête
En lectures, s'il y a bien une chose que j'apprécie, c'est de suivre les aventures et péripéties d'un personnage récurrent. C'est ce nous offrent les polars avec leurs commissaires, inspecteurs et autres enquêteurs. C'est aussi ce que nous proposent les Cosy Mysteries à l'anglaise, genre littéraire dont je raffole de plus en plus.
Cette série autour de Lady Georgiana Rannoch, née de l'imagination fertile de Rhys Bowen et publiée chez Robert Laffont, La Bête noire, a en plus le mérite de se dérouler dans les années 1930 juste après la crise économique qui a mis tant de personnes et familles sur la paille. Une période de notre Histoire que je ne connais pas tellement (si ce n'est qu'elle a débouché sur le Deuxième Conflit mondial) et que je découvre (en partie) grâce à cette jeune lady indépendante.
Au printemps 1932, son demi-frère Bincky, duc de Rannoch en titre, n'ayant plus les moyens de l'entretenir, Lady Georgiana, dite Georgie, 21 ans, refusant un mariage arrangé, décide de quitter le domaine familial écossais et de s'installer dans la résidence londonienne qui lui vient de son père en se gardant bien de préciser à quiconque qu'elle y vivra seule, sans domestiques.
A peine arrivée, voilà qu'elle est convoquée par la Reine qui lui demande à brûle-pourpoint de surveiller son fils, le Prince de Galles, héritier de la Couronne qui s'est amourachée d'une Américaine, mariée de surcroit. Une mission dont la jeune femme devra s'acquitter lors d'un week-end à la campagne où la Reine lui a fait valoir une invitation en sa qualité de 34e dans l'ordre de succession au trône.
En attendant cette party à la campagne, Georgie doit apprendre à subvenir seule à ses besoins élémentaires et va s'employer comme femme de ménage temporaire missionnée pour rendre habitables les demeures bourgeoises et/ou aristocrates avant que leurs propriétaires ne viennent y séjourner. Une activité "anonyme" qui va lui valoir quelques mésaventures bien sûr.
Bientôt rejointe par son frère qui a à faire dans la capitale, Georgie apprend alors que sa demeure a été perdue au jeu par son père peu de temps avant son décès. Inquiète pour son avenir, la jeune femme s'affole quand elle trouve celui qui est venu réclamer son gain, mort, noyé dans sa baignoire et s'aperçoit que son frère s'est volatilisé. Ne croyant cependant pas à la culpabilité de ce dernier, Georgie va devoir réunir toutes ses compétences pour découvrir qui est l'assassin et qui semble en vouloir également à sa propre personne.
Autant vous le dire de suite, je me suis régalée à cette lecture. C'est drôle, piquant et plein de rebondissements, de fausses pistes, de doutes et de suspense. Outre le fait que Georgie est vraiment sympathique, j'ai apprécié aussi cette ambiance partagée entre bonnes manières et petit peuple, comme l'endroit et l'envers d'un même décor, les égards dont bénéficie la jeune femme en sa qualité d'héritière du trône et les coups bas qui lui sont adressés quand elle revêt sa tenue de femme de ménage.
J'ai apprécié également son amitié avec l'incroyable Belinda, les prémices de son histoire d'amour avec Darcy, Irlandais désargenté qui n'hésite pas à s'inviter aux réceptions pour se nourrir convenablement, l'affection que Georgie porte à son grand-père maternel, ancien gendarme, et sa relation singulière avec sa mère, actrice sur le retour qui collectionne les maris.
Bref, en un mot comme en cent, j'ai trouvé là une super série que je partage pour le challenge Polars et thrillers chez Sharon et dont j'ai d'ores et déjà réservé la deuxième histoire à ma médiathèque.