Maestro
Celles et ceux qui suivent ce blog savent que sous l'appellation de "Maestro", pour moi, se cache le grand, l'unique écrivain italien, Andrea Camilleri. Mais, par chance et heureusement pour la lectrice que je suis, il en est un autre qui se voit attribuer ce grade en littérature. Je veux parler ici de ce sublime premier roman de Cécile Balavoine "Maestro" paru chez Mercure de France et lu pour la sélection de la rentrée de janvier des 68 premières fois.
Le Maestro dont il s'agit ici est musicien. Et pas des moindres puisqu'il s'agit d'un grand chef d'orchestre que Cécile, journaliste et principale protagoniste de ce roman, doit interviewer par téléphone. L'enjeu est de taille pour la jeune femme, passionnée de musique classique, au point d'avoir failli en faire son métier, et surtout passionnée par Mozart et son oeuvre, immense.
Ce qu'a ressenti Cécile la première fois qu'elle a écouté Mozart reste indicible, indescriptible. C'est une envolée de notes portée par les mots simples et profonds de l'auteur, Cécile Balavoine. Comme une seule voix, comme une musique qu'on découvrirait en même temps, comme une évidence. Quelque chose qui ne se dit pas, mais qui se vit, de l'intérieur. Un prodige, une émotion forte que Cécile Balavoine nous invite à découvrir et à ressentir.
Comme Cécile, dans le roman, on est porté par ces rencontres, voulues par la jeune femme à Salsbourg, ville de Mozart, où elle se rend chaque année, comme un rendez-vous quasi obligé depuis que la vie l'a arrêtée dans son élan, dans l'exercice de la musique. Ou surprise au gré d'un voyage professionnel ou d'agrément dans les grandes villes d'Europe ou du monde où elle est amenée à se rendre et où une oeuvre de Mozart est interprétée.
Et puis il y a aussi cette rencontre, impressionnante, par téléphone certes, mais rencontre tout de même avec ce talentueux chef d'orchestre que la jeune femme doit interviewer. Une rencontre à laquelle elle se prépare bien sûr. Mais peut-on vraiment tout envisager? Peut-on aller contre ce que la vie nous réserve? Peut-on lutter contre ce qui apparaît soudain comme une évidence? Ou faut-il l'accepter tout simplement, vivre ce qu'il nous est donné à vivre, sans se poser de question, en se laissant porter par la musique, la vraie d'abord, celle des mots ensuite, celle des corps aussi, celle du coeur enfin...
Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman, ni que je l'ai adoré. Ces mots-là me semblent bien peu de choses face à l'intensité que cette lecture m'a fait éprouver. Cécile Balavoine possède un talent. C'est clair et évident. Un talent pour écrire, pour dire les sentiments, les émotions, avec une précision, une évidence, un tact et une sensibilité rare. Ce qu'elle nous conte ici va bien au-delà d'une belle histoire d'amour. C'est bien plus qu'une rencontre. C'est une justesse.
Ce roman est beau, magnifique, à la fois par son histoire et par cette musque singulière que l'on écoute à travers les mots de Cécile Balavoine.
Si vous étiez en face moi à ce moment précis, je vous mettrais simplement ce roman entre les mains et je vous dirais : "Lisez-le!" Il n'y a rien d'autre à ajouter.