Le champ du potier
Pour ma première rencontre littéraire avec Andrea Camilleri et son commissaire Montalbano, j'ai choisi "Le champ du potier" samedi dernier à ma médiathèque La Passerelle. Cette nouvelle enquête du commissaire sicilien est parue chez Fleuve Noir en 2012.
Vous savez toutes et tous, ici, à quel point j'apprécie le commissaire Brunetti et les enquêtes que Donna Leon lui concocte en terre vénitienne. Eh bien! Je pense que la concurrence est ouverte avec cette première lecture d'Andrea Camilleri.
D'emblée le traducteur, Serge Quadruppani, nous prévient face à cette écriture qui reprend admirablement le dialecte sicilien. Et si cela surprend beaucoup au début (au point que j'ai failli en lâcher ma lecture!!!), on s'y habitue très vite et le plaisir de la lecture prend vite le pli. C'est savoureux, amusant, drôle. On se laisse imprégner complètement par cette culture, ce "patois", cet art de vivre et cette ambiance typique. Pour ma part, j'ai vraiment eu l'impression d'entendre parler mon beau-père. C'est vous dire! Et puis, quel bonheur de ressentir la mer, ses effets bénéfiques ou un peu moins, de partager la nourriture de cette île unique : ses sardines grillées, son "cacciocavallo" (fromage typiquement sicilien dont je raffole) ses recettes de pâtes, uniques là encore. Bref, pour moi, un vrai régal! Et pour beaucoup d'autres aussi vu la notoriété d'Andrea Camilleri. Et c'est tant mieux!
Sur cette enquête proprement dite, rien de bien particulier à dire si ce n'est les échos de la Bible, aux Évangiles, auxquels elle nous renvoie. Après une nuit d'orage cauchemardesque pour le commissaire Salvo Montalbano, celui-ci est appelé sur un secteur proche de Vigata, un terre argileuse où un corps découpé en trente morceaux vient d'être découvert, probablement révélé par les fortes pluies de la nuit précédente. Trente morceaux, pas un de plus, pas un de moins, les doigts passés à l'acide et le visage complètement défiguré afin d'en retarder au maximum l'identification. Une manière de faire qui ressemble fort à celles qu'emploie la Mafia sicilienne. Mais le doute demeure. Car le corps découpé a été retrouvé dans ce fameux "champ des potiers" là-même où Judas fut enterré après avoir trahi le Christ. Faut-il y voir un signe? Montalbano y pense, certes, mais n'en est pas absolument convaincu. Et encore plus quand la belle colombienne, Dolorès, vient signaler, deux mois après, la disparition de son mari, officier de marine sicilien, Giovanni Alfano.
J'ai lu ce roman en deux jours à peine tellement j'ai été séduite à la fois par l'écriture, l'atmosphère et la narration. Ce n'est pas tellement l'enquête qui prime même si ses références bibliques et mafieuses sont indéniables et très instructives. C'est bel et bien l'ambiance, la bonhomie, le caractère du commissaire, de ses adjoints, le volatile Mimi, le sympathique Fazio et l'inénarrable Catarella au dialecte imprononçable mais tellement authentique!
Une vraie belle découverte, une vraie belle rencontre pour moi (qui sera forcément suivie d'autres, obligée!) et une participation supplémentaire au challenge d'Eimelle, Il viaggio!