La fausse veuve
Lu hier après-midi grâce au temps grisonnant et pluvieux dont on bénéficie ces jours-ci, cette "fausse veuve" de Florence Ben Sadoun paru aux éditions Denoël est un texte bouleversant d'authenticité, un témoignage digne et émouvant d'une femme qui a aimé un homme dont elle n'était que la maîtresse "la seconde" et à qui le droit de pleurer sa mort a été nié.
Sans porter de jugement, ce texte prend une dimension supplémentaire lorsqu'on comprend que l'homme aimé, celui qui n'a pas hésité à abandonner femme et enfants par amour pour elle et pour qui elle fut vraiment le dernier amour n'est autre que Jean-Dominique Bauby, l'homme, journaliste reconnu, tombé en comas profond suite à un accident cérébral et enfermé à son réveil dans le "locked-in-syndrome". Celui qui, par de simples battements de paupières du seul oeil dont il pouvait encore disposer, a écrit le bouleversant "scaphandre et le papillon" dont a été tiré un film l'an dernier il me semble.
Alternant le tutoiement et le vouvoiement, parfois dans la même phrase et parce que son amant l'a toujours vouvoyée, cette femme raconte leur rencontre, les jours heureux d'avant le drame, sa présence inlassable semaine après semaine auprès de son amour prisonnier de son corps, ses difficiles relations avec la famille légitime. Elle nous confie aussi son enfance dans une famille de quatre filles vivant sous l'emprise d'un père de confession juive qui en impose tous les rituels à ses proches et en particulier à son épouse. Et puis, lorsque tout est fini et qu'elle pense n'avoir plus rien à vivre, elle nous ouvre l'espoir d'un bonheur nouveau possible et finalement vécu.
Un très beau texte tout en fluidité et simplicité qui sait éviter les pièges d'une quelconque sensiblerie pour nous offrir une écriture et un témoignage emplis de tendresse et d'une douce sensibilité.
Livre à paraître fin août lu par l'intermédiaire du site Chez les filles.