Un air de liberté

Publié le par Martine

Un air de liberté

C'est toujours avec un peu d'appréhension que je lis une suite de roman. Appréhension mêlée de plaisir également. Plaisir de retrouver des personnages connus et appréciés, plaisir de les voir évoluer et découvrir ce qui va bien pouvoir leur arriver à présent et qui provient directement de l'imagination et du talent d'écriture de l'auteur.

Et l'auteur de ce roman paru chez Calman-Lévy, dans la belle collection France de toujours et d'aujourd'hui, en l'occurrence, c'est Colette Vlérick qui m'a déjà si souvent charmée par ses histoires et les récits qu'elle propose à ses lecteurs en lien avec cette Bretagne, inconnue pour moi, où elle réside.

De fait, c'est encore en Bretagne, dans le Finistère à Landerneau que nous retrouvons Jean-Marie Le Guen, jeune orphelin avec qui nous avons fait connaissance dans "L'enfant sur le pont" (paru chez le même éditeur). En cette année 1875, Jean-Marie a 22 ans. Il travaille désormais comme mécanicien à la Société linière du Finistère. Mais ce travail d'usine, long, fatiguant et répétitif lui pèse énormément. Il n'a d'espoir que dans une promotion, celle d'être nommé contremaître, qui ne vient pas. Le peu de réconfort qu'il éprouve, il le trouve dans ses rencontres avec la belle Mary, fille du chef mécanicien écossais, Mc Leod. Mais ce dernier voit d'un assez mauvais oeil, la relation qui semble s'installer entre sa fille et Jean-Marie. Il aspire à d'autres prétendants, plus instruits, d'une meilleure condition sociale, pour sa fille.

Le jeune homme pourrait alors peut-être prendre son mal en patience et attendre et espérer des jours meilleurs. Mais ce n'est pas dans son caractère. Lui, il est obstiné. Et ce qu'il veut, il met tout en oeuvre pour l'obtenir, par lui seul. C'est pourquoi, lorsque les difficultés rencontrées par la Société linière s'avèrent plus graves et dramatiques que ce qu'on voulait bien laisser entendre aux ouvriers, Jean-Marie n'hésite pas longtemps. Il quitte l'usine et met toutes ses forces et son intelligence dans sa volonté à devenir ingénieur. Enfin... presque toutes! Car il n'oublie pas Mary, dont il est réellement épris et qui le lui rend bien. Devra-t-il à présent affronter Mc Leod ou passer outre à son interdiction de revoir Mary et enlever la jeune femme pour l'épouser malgré tout?

Sur cette trame historique et romancée basée sur l'existence réelle de Jean-Marie Le Guen, Colette Vlérick nous offre le portrait d'un homme volontaire, obstiné, un homme bien et vrai. Quand on n'a plus rien, que la vie s'acharne à tout nous refuser, que reste-t-il? Faut-il baisser les bras et subir? Ou, au contraire, ne pas se laisser abattre, relever la tête, retrousser ses manches et continuer d'avancer en traçant sa propre route? 

C'est cette deuxième option que choisit Jean-Marie Le Guen malgré tous les obstacles qui peuvent encore et toujours se dresser devant lui. C'est l'histoire de cet homme brillant, qui force notre respect, que Colette Vlérick nous conte avec force et talent.

Sous ses mots simples et authentiques, on accompagne Jean-Marie, presque sans s'en rendre compte. Les pages se tournent l'une après l'autre et le récit retient toute notre attention et nous captive littéralement. Outre les descriptions et les précisions apportées sur cette Bretagne et ses conditions sociales à la fin du 18e-début du 19e siècle, l'auteur nous livre ainsi toute une palette d'émotions, qui vont de la colère au ressentiment, sans oublier la tendresse et l'amour. Et surtout elle nous donne envie. Elle nous invite à regarder le verre à moitié plein. Elle nous rappelle que, plus que tout, il ne faut jamais baisser les bras, s'avouer vaincu, que, quelque part, on porte en nous ce désir essentiel, ce feu sacré qui permet de rester vivant et, si on s'en donne la peine, de réaliser son rêve de vie.

Cet homme, ce Jean-Marie, j'aurais aimé le rencontrer. Grâce à Colette Vlérick, j'ai pu le connaitre et partager un peu son quotidien et son existence, cheminer à ses côtés et le suivre sur cette route unique qui a été la sienne. Et je l'en remercie.

 

Un air de liberté
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Je l'ai commencé, il est vraiment bien.<br /> Merci pour cette excellente chronique Martine !<br /> L'apéritif littéraire qui va clôturer la saison aura lieu le 8 juin prochain, ce serait bien que tu viennes si tu le peux bien évidemment... <br /> Belle journée à toi et bonnes lectures encore et encore !<br /> Je t'embrasse très fort.<br /> Bernadette.
Répondre
M
Merci Bernadette! Je retiens la date du 8 juin, sait-on jamais?!!! Merci pour ton invitation; En attendant, je te souhaite un excellent week-end, à profiter du beau temps revenu pour faire de belles photos!!! Gros bisous