Marx et la poupée

Publié le par Martine

Marx et la poupée

Décidément la sélection de janvier 2017 proposée par Charlotte, Nicole, Eglantine et Sabine pour les 68 premières fois est une mine d'or. Chaque nouvelle lecture me dévoile une pépite si bien que j'appréhende à présent la première déception...

Ce premier roman de Maryam Madjidi, "Marx et la poupée", paru chez Le nouvel Attila, confirme la qualité de cette sélection. Cette histoire aux forts accents autobiographiques encore, c'est celle de Maryam et elle commence juste avant sa naissance, en Iran, alors que la Révolution vient d'éclater. Dans le ventre de sa mère, l'enfant à venir qu'elle est alors ressent, éprouve le chaos et les pertes de repères de ce monde qui traverse de terribles transformations.

Des sensations, des émotions, des ressentis, des incompréhensions que la fillette continue d'éprouver dans ses toutes premières années jusqu'à l'émigration en France quand elle a 6 ans. Le choc de cette nouvelle culture, l'apprentissage de cette nouvelle langue qu'elle doit faire sienne, qu'elle va trop faire sienne au risque d'oublier celle de ses origines, le persan, cette nouvelle vie à laquelle il faut s'habituer, s'accommoder, qu'il faut construire. Vivre sans se retourner. Vivre et espérer. Vivre et rire. Vivre et ne pas oublier. Vivre, tout simplement, en étant soi, en restant soi.

Cette histoire, c'est celle d'un bouleversement, d'un drame humain auquel de trop nombreuses personnes sont confrontées, malgré elles. Mais c'est aussi l'histoire d'une construction, celle d'une femme en devenir, qui a besoin de ses racines pour se construire alors que tout a été mis en oeuvre pour qu'elle les oublie, et qu'elle-même s'obstine à les renier. Difficile dans ces conditions de grandir, de devenir soi.

Ce roman, puisque, quoi qu'il en soit, il en reste un, se lit comme un journal intime. De très courts chapitres se déclinent les uns après les autres avec leurs forces et leurs faiblesses, avec l'avancée du récit, avec des drames, avec des joies, des peines, des rires, de la complicité, mais, surtout, avec une longue et profonde réflexion faite de générosité(s) et de sensibilité. L'émotion est omniprésente dans les mots de Maryam Madjidi et elle se glisse en nous, presque à notre insu. On voudrait y échapper qu'on ne le pourrait pas. Car cette histoire, c'est aussi un peu la nôtre, celle que tout homme et toute femme doit traverser pour rencontrer enfin la personne qui lui conviendra le mieux : elle-même.

 

Marx et la poupée
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L
Oh il me faut le découvrir ! Oui !
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M
Excellente idée, oui! Merci Leiloona!