Rien que des mots

Publié le par Martine

Rien que des mots

Alors que j'approche lentement mais sûrement vers la fin de la première sélection des 68 premières fois, voici que je tombe sur un premier roman dont la lecture me perturbe un peu : "Rien que des mots" d'Adeline Fleury paru aux Editions François Bourin.

Rien que des mots, ces mots écrits, ce sont ceux dont Adèle, jeune journaliste, choisit de priver son fils, Nino, pour le protéger d'une hérédité qu'elle ne souhaite pas lui voir endosser. Nous sommes dans un futur projeté à quelques 15 ans de notre Histoire. Adèle est la fille d'un écrivain qui a toujours priorisé les mots et la chose écrite, le livre, et l'épouse d'Hugo à qui elle reproche plus ou moins clairement de ne pas l'avoir suffisamment soutenue, de ne pas avoir été assez présent lorsque son unique livre, un recueil de poésie dans lequel elle avait mis beaucoup d'elle-même, a été vilainement plagié. Deux situations dont elle a beaucoup souffert et qui l'amènent à cette extrémité : priver son fils de tout contact avec l'objet livre. Mais même si cette histoire se déroule dans 15 ou 20 ans, peut-on vraiment l'imaginer réelle? Cet héritage, cet état de fait a-t-il la possibilité de se concrétiser? Et peut-on vraiment vivre sans livres autour de soi? sans aucun contact avec l'objet "livre"?

C'est à toutes ces questions qu'Adèle va se trouver confrontée et va devoir répondre. Et, par la même occasion, ce sont toutes ces interrogations qu'Adeline Fleury nous pose à nous lecteurs. Tout au moins c'est ce ce qui ressort essentiellement de ma lecture de ce premier roman.

Comme toute première réaction: la surprise, même si la quatrième de couv' m'a avertie. Puis un malaise, et une hésitation, est-ce que je le lis ... ou pas? Heureusement ma curiosité a été la plus forte (bien encouragée également par la taille de ce roman, 177 pages vite lues). Et si je ne regrette pas d'être allée au bout de cette lecture, j'éprouve cependant un sentiment partagé.

D'une part parce que cela m'a fait toucher du doigt une attitude que j'ai de plus en plus vis à vis des livres : le fait que je lise de plus en plus sur ma liseuse alors que j'aime par-dessus tout les livres, les vrais, ceux qui ont un poids, une forme, une couleur, une image, une odeur. Et que, du coup, je me surprends à faire abstraction de cette "personnalité" attribuée aux livres pour ne plus favoriser que le texte, les mots et donc "rien que les mots".

Et d'autre part parce qu'il m'est vraiment impossible de concevoir un monde sans livres, une maison, une habitation où il n'y aurait aucun livre. Je ne peux pas et même je ne veux pas l'imaginer.

Une lecture qui donc m'a dérangée, m'a interpellée, m'a posée question. Et tout ceci renforcé par la qualité d'écriture d'Adeline Fleury, claire, nette et concise et laissant cependant la place nécessaire aux émotions.

Alors je ne classerai pas ce roman dans mes coups de cœur mais je remercie néanmoins Charlotte, Nicole et Églantine pour cette lecture vers laquelle je ne serai jamais allée toute seule.

Rien que des mots
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M
C'est aussi ça le rôle de livres !!
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M
Exactement! Mais ça interpelle drôlement!!! :-) Merci Manika