Camille, mon envolée
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Il est temps pour moi de vous parler de cette lecture qui m'a tant bouleversée la semaine dernière. Lu dans le cadre des 68 premières fois initiées par Charlotte l'insatiable, c'est Stéphie qui a eu l'extrême gentillesse de me prêter son exemplaire et je l'en remercie encore. Ce livre (j'ai du mal à le qualifier de roman) est paru aux éditions Philippe Rey, sous la plume de Sophie Daull qui signe là un magnifique hommage à sa fille Camille, décédée le 23 décembre 2013 à l'âge de 16 ans après quatre jours de fièvre intense et douloureuse. C'est le 19 décembre au soir en effet que Camille, après avoir assisté à un spectacle avec sa mère et une amie, s'est couchée, se plaignant d'un mal de tête lancinant cumulé à une fatigue traînante depuis déjà quelques jours. Elle ne savait pas, personne ne pouvait savoir, ni même seulement imaginer, qu'elle ne se relèverait jamais. Forte fièvre, courbatures, douleurs insupportables ont accompagné Camille durant ces quatre jours d'agonie jusqu'à son instant ultime. Des maux assimilés à la grippe, recrudescente en cette période hivernale, jamais vraiment pris au sérieux par le médecin de famille alerté ni même par le service des Urgences hospitalières, malgré l'angoisse grandissante des parents de Camille, bien impuissants à tenter de la soulager quelque peu avec du Doliprane. Ce mal qui a foudroyé la jeune fille et face auquel la lutte était par trop inégale, c'est une méningite. Le lecteur le comprend peu à peu. Les symptômes sont là. Mais les parents ne peuvent pas l'identifier, pris qu'ils sont par cette vitesse, cette course perdue d'avance face à cet impensable. Ils ne l'apprendront que plusieurs semaines plus tard, quand les résultats de l'autopsie leur seront révélés et, qu'à part supposer tous les si possibles, rien d'autre ne pourra jamais survenir, revenir. Et surtout pas Camille... Ce texte, Sophie Daull, la maman, l'a envisagé comme une longue lettre à sa fille. Pour lui dire son magnifique combat, ces quatre jours "d'enfer", les jours qui ont suivi, irréels en cette période de fêtes de fin d'année, ses obsèques, et tous ces jours longs, interminables qui se succèdent. Ces envies soudaines de la rejoindre, pour mettre fin à cette douleur insupportable liée à l'absence, au vide, au terrible silence. Ces cris jaillis du plus profond de son être, qui montent, montent jusqu'à sortir dans un bruit effroyable de sanglots inhumains. Bien sûr j'ai pleuré, j'ai maudit moi aussi ces médecins qui n'ont pas su déceler ce germe, pas eu trop envie de faire effectuer ne serait-ce qu'une simple prise de sang, parce que c'était Noël et que l'esprit était peut-être ailleurs. J'ai bien dit peut-être. Ce récit est magnifique, bouleversant, une longue lettre d'amour d'une mère à son enfant, une lettre sortie des entrailles, avec des mots simples, des mots forts, des mots puissants contre lesquels on se sent, nous lecteurs, complètement impuissants. On ne peut que lire. C'est bien peu et c'est sans doute beaucoup pour les parents de Camille. Car nos yeux, nos émotions, notre émotion tout court continuent à faire vivre la jeune fille dans chaque coeur. Piètre consolation, c'est sûr, mais baume quand même, un peu. C'est ce que je veux penser en refermant ce livre. Ce livre va maintenant partir chez Paolina. Je vous invite à lire aussi les chroniques de Jostein, Stéphie, Nicole et Denis.