Enfantine

Publié le par Martine

Enfantine

Tout d'abord, petit aparté, on me signale à nouveau des difficultés pour commenter sous les articles. Si tel est votre cas, je vous remercie de m'en avertir afin que je puisse en aviser Overblog. Merci.

Ma chronique de ce jour porte sur le recueil de nouvelles de Marie Rouanet "Enfantine" paru chez Albin Michel en 2002.

Marie Rouanet, j'avais eu l'occasion et le plaisir de la rencontrer et de l'écouter lors de sa venue à Bourg-lès-Valence, ma ville, il y a un peu plus de 10 ans. A cette époque, j'avais lu son livre de souvenirs d'enfance "Nous, les filles" et j'ai en mémoire un agréable souvenir de lecture. Aussi je pensais retrouver cet esprit léger, empli d'innocence et de rires, qui m'avait tant plu, dans ce recueil "Enfantine", que j'ai emprunté à ma médiathèque La Passerelle. Mais il n'en est rien. Non pas que je n'ai pas apprécié cette lecture, bien au contraire! C'est le propos même de ces six nouvelles qui diffère. Car, là, nulle innocence, nulle légèreté, aucun rire, même s'il est encore question d'enfances et d'enfants.

Dans ce recueil, les enfants sont présentés comme des adultes en devenir, des êtres humains qui se façonnent en fonction des modèles qui les entourent, d'un environnement plus ou moins sain, des idées dont on les imprègne et des limites qu'on leur impose ou pas, des limites qu'ils respectent ou pas.

C'est le cas de Paule dans la première nouvelle qui donne son titre du recueil. Paule qui ne rêve que de vivre à demeure chez sa cousine Thérèse, chez qui elle passe toutes ses vacances d'été, et qui croit dur comme fer que c'est ce qui arrivera si sa mère décède. Or sa mère tombe vraiment malade et meurt. Finalement tout devient facile, pense Paule, il n'y avait qu'à le souhaiter très fort pour que ça arrive...

Le sentiment confus, lourd, angoissant qui nous noue la gorge s'amplifie dans la deuxième nouvelle "Frère", une triste histoire d'inceste entre deux frères que leurs parents s'obstinent à ne pas voir, admirant au plus haut point le beau sentiment d'affection qui unit leurs fils.

Et que dire de "Rousse", couleur des cheveux de cette fillette d'une douzaine d'années qui est accueillie dans un couvent en avril 1913 lorsque sa mère, prostituée de luxe, est démise de son autorité parentale pour avoir initié et fait "travailler" sa fille avec elle. La fillette n'aura de cesse d'attendre sa sortie à 19 ans pour exercer à son tour le plus vieux métier du monde.

"Les oiseaux" de la quatrième nouvelle ne sont guère mieux puisque ce sont ceux que les petits des fermes vont attraper et tuer pour faire la rôtie d'avant les foins. C'est une activité réservée aux plus jeunes garçons sous la surveillance de leurs aînés qui profitent de ce moment annuel pour apprendre à mieux connaître les filles du village.

"Épingles" nous narre une histoire d'amitié entre deux fillettes, mais une amitié particulière puisque l'une a un fort ascendant sur l'autre et qu'elle n'hésite pas à exercer le plus odieux des chantages sur sa meilleure "amie".

Et enfin "Brasserie", la sixième et dernière nouvelle (ouf!) nous met en présence d'une femme qui s'offre un délicieux repas accompagné d'un vin de qualité en la seule compagnie d'un bon roman. Mais son attention est détournée par les occupants de la table voisine où un père exprime son autorité sur sa fille sous le regard impuissant de la mère. Cette scène renvoie alors la femme seule à l'évocation des jeunes vachers des burons d'Aubrac envers qui les ouvriers plus âgés se montraient extrêmement durs, oubliant que ces jeunes garçons allaient aussi grandir.

Ce recueil de Marie Rouanet a été ma lecture de ce dimanche. Je ne vous cache pas qu'il m'a heurtée à plusieurs reprises mais, avec quelques heures de recul, je me rends compte qu'il est tout simplement authentique, criant de vérité et de réalité. Et qu'il est bon, et même nécessaire, de ne pas oublier cette réalité vécue par des enfants.

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A
Il est vrai que sur certains articles, je ne peux pas laisser de coms.
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M
:( Merci Alex! Bises
P
Coucou Martine,<br /> J'ai effectivement très régulièrement des problèmes pour commenter, alors je &quot;magouille&quot; : je retourne au billet précédent, j'avance à nouveau, je ferme et y reviens un ou deux jours après... bref, j'ai aussi du caractère LOL<br /> Je veux bien te croire lorsque tu disais que ce livre ne ressemblait en rien au précédent du même auteur, mais oui, cela correspond à la réalité...<br /> Gros bisous, chère Martine, et bonne fin de soirée ;-)
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M
Merci pour ces précisions, ma chère Denise. C'est bien ennuyeux tout ça! <br /> Oui, ce livre parle de l'enfance... autrement! Mais il est vrai!<br /> Gros bisous, mon amie, et bon mercredi!